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L’élevage herbager est favorable au stockage de carbone du sol

La présence abondante de prairies ainsi que la teneur en argile de la parcelle sont favorables à un stock de carbone plus important.

Les travaux récents menés par l’Institut de l’élevage confirment le rôle positif des prairies de longue durée sur le stockage du carbone, ainsi que les conduites raisonnées dans les fermes de ruminants.

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L’évolution des modes de conduite et de pratiques en élevage (pâturage tournant dynamique, bio, utilisation de plaquettes de bois de haies en litières, méthanisation…) ainsi que le changement climatique impactent la teneur en carbone organique des sols. Pour quantifier les stocks et mesurer les modifications en cours, un observatoire national a été créé en 2022-2023 par l’Institut de l’élevage (Idele) et ses partenaires.

L’OCBO (Observatoire du carbone organique des sols en élevage bovin et ovin) s’appuie sur réseau de dix exploitations majoritairement situées dans l’ouest de la France et en basse altitude. Constituées à 40 % de bovins lait, 40 % de bovins viande et 20 % d’ovins viande, les fermes présentent des conditions de sol, de climat et d’intensification variées.

Quantités très variables

Dans 78 parcelles (culture, prairies de plus ou moins longue durée), des échantillons de sol ont été prélevés en surface (0-30 cm) et en profondeur (jusqu’à 75 cm). « Alors que 77 % du stock de carbone est situé dans les 30 premiers cm de sol, le stock moyen sur toute la profondeur (107 t/ha) se révèle très variable à l’intérieur même d’une parcelle, constate Hélène Chambaut, responsable de programme à l’Idele. En faisant trois prélèvements distants de 20 m chacun, il est fréquent d’avoir 20 t/ha d’écart dans une zone pourtant considérée comme homogène par les agriculteurs. »

Pour un suivi agronomique dans la durée ou pour une modélisation des gains de carbone, il est donc essentiel d’enregistrer soigneusement les coordonnées des lieux prélevés à l’aide d’un GPS.

« Alors que 77 % du stock de carbone est situé dans les 30 premiers centimètres de sol, le stock moyen sur toute la profondeur (107 t/ha) se révèle très variable à l’intérieur même d’une parcelle », constate Hélène Chambaut, responsable de programme à l’Idele. (©  Anne Brehier)

Les travaux menés au sein de l’OCBO montrent que la présence abondante de prairie (75 % du temps de la rotation) ainsi que la teneur en argile de la parcelle sont favorables à un stock de carbone plus important. Les potentiels les plus élevés s’observent sur les fermes laitières de Poisy en Haute-Savoie (164 t/ha en sol profond de limon équilibré) et de Trévarez dans le Finistère (170 t/ha en terrains limoneux plus acides). Dans les deux cas, la pousse de l’herbe est favorisée par un climat humide.

En système allaitant, c’est sur les prairies permanentes argileuses de Jalogny (Saône-et-Loire) ainsi que sur des parcelles conduites en pâturage tournant dynamique depuis 8 ans en Pays de la Loire- Poitou-Charentes que l’on trouve les meilleurs niveaux (respectivement 111 t et 137 t/ha).

Les exploitations sélectionnées dans le réseau disposant d’un historique d’analyse de sols, il a été possible de mesurer les évolutions en cours depuis une quinzaine voire une quarantaine d’années. Alors qu’une dizaine de parcelles dominées par les cultures voient leur teneur moyenne de carbone baisser (malgré la couverture des sols et l’apport raisonné de fertilisants), les terrains principalement dédiés à l’herbe ont accru le plus fortement leurs teneurs de carbone organique (+0,3 g de carbone par an par kg de terre fine).

Dans 73 % des 78 parcelles d’élevage du réseau OCBO, la teneur moyenne en carbone s’est améliorée de l’ordre de 0,6 ‰. « En supposant que la densité du sol soit restée stable, commente Hélène Chambaut, ce résultat est en cohérence avec les objectifs de l’initiative mondiale de 4/1 000 fixé lors de la COP 21 de Paris. Ces travaux confirment le rôle positif des prairies de longue durée ainsi que les conduites raisonnées d’élevage dans les fermes de ruminants ».

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